L’artiste italien Gilberto Zorio (°1944) est un des pères spirituels du mouvement Arte Povera, un groupe d’artistes italiens qui s’est démarqué des valeurs établies et des institutions comme le gouvernement, l’industrie et la culture populaire à la fin des années 60. Zorio combine dans son travail artistique le langage et l’alchimie. Son intérêt pour le concept de l’énergie l’a conduit à mener une étude sur des phénomènes de transformation naturelle comme l’évaporation et l’oxydation. Ses sculptures, tableaux et performances sont souvent considérés comme des métaphores de l’action révolutionnaire et de la créativité humaine.
Gilberto Zorio propose une perspective singulière de l’utopie. Son installation de lettres partiellement fluorescentes montées sur une barre métallique et formées de deux types de lumière, nous propulse au cœur même du caractère minimaliste de l’Arte Povera. Pendant que les trois mots utopia, reality et revelation sont éclairés en permanence par des spots, les lampes halogènes sont éteintes et allumées à intervalles réguliers, révélant une inscription fluorescente: ‘c’est l’utopie, la réalité est révélation’. C’est la réalité, saisie dans toute sa richesse et sa simplicité, qui peut se révéler comme la source de l’épiphanie, voire de l’utopie. C’est peut-être ici que s’exprime la voix la plus forte de toute l’exposition. Elle suggère que les réponses résident parfois dans l’ordinaire, le commun, car au bout du compte, c’est là que tout commence et s’achève.