L’artiste italienne Grazia Toderi (°1963) a acquis une renommée mondiale avec sa participation à Aperto ’93 lors de la 45e Biennale de Venise. Son travail artistique dénote une profonde fascination pour le quotidien. Alors que dans le passé, elle isolait des objets et des actions de leur contexte ordinaire à travers des images vidéo, elle s’est récemment plutôt concentrée sur des images quotidiennes qui parlent à toute une génération, comme celles d’un écran de télévision. Toderi a déjà réalisé dans le passé des œuvres vidéo filmées du ciel dans lesquelles elle explorait et recréait la face nocturne de villes comme Rome, Florence et Londres. Comme Italo Calvino dans Les Villes Invisibles, elle voit dans la ville un miroir entre ciel et terre. Ses images transforment des lieux familiers en territoires magiques et mystérieux.
Grazia Toderi prend comme point de départ la vue nocturne qu’on a du clocher de la cathédrale Saint-Rombaut à Malines. Ce lieu est pour elle le point imaginaire d’où Thomas More observa, étudia et dessina l’île d’Utopia. Elle suggère aussi la légende de l’ivrogne qui, voyant le reflet de la lune sur les vitraux du clocher, pensa qu’il était en feu. Dans sa vidéo projetée sur le plafond de la rotonde du Centre culturel, les contours de Malines s’estompent, formant une île lumineuse suspendue, un horizon rotatif qui semble transformer la Belgique en mégapole. Elément constant dans ses vidéos, la rotation suggère également le mouvement de sphères célestes qui élèvent les lumières physiques de la ville à une dimension spirituelle et existentielle.