29.08–08.11.2015
MECHELEN
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Centre Culturel Malines

Minderbroedersgang 5


Le site du Centre culturel de Malines a une riche histoire. Il y avait ici autrefois un grand complexe monastique avec cour intérieure, chambres pour visiteurs et infirmerie. Fondé en 1231 par Gauthier II Berthout, il fut reconstruit en 1342 après un incendie. Des destructions et pillages sur le site monastique nécessi- tèrent la construction d’une nouvelle église en 1606. Grâce à la générosité de la ville et de ses habitants, l’église fut richement décorée, avec notamment le tombeau de Marguerite d’York, des sculptures de Frans Langhemans et des toiles du peintre baroque flamand Antoine Van Dijck. L’ordre des Franciscains fut dissous en 1796. Des pans entiers du monastère furent démolis, mais l’église du 8 Locations & Œuvres d’artdix-septième siècle se rappelle au souvenir des Malinois par ses vestiges encore visibles au Centre culturel.

Grazia Toderi

Moon Extinguishers

installation vidéo, son, 10′00′′
Commandé et produit par CONTOUR 7

Grazia Toderi prend comme point de départ la vue nocturne qu’on a du clocher de la cathédrale Saint-Rombaut à Malines. Ce lieu est pour elle le point imaginaire d’où Thomas More observa, étudia et dessina l’île d’Utopia. Elle suggère aussi la légende de l’ivrogne qui, voyant le reflet de la lune sur les vitraux du clocher, pensa qu’il était en feu. Dans sa vidéo projetée sur le plafond de la rotonde du Centre culturel, les contours de Malines s’estompent, formant une île lumineuse suspendue, un horizon rotatif qui semble transformer la Belgique en mégapole. Elément constant dans ses vidéos, la rotation suggère également le mouvement de sphères célestes qui élèvent les lumières physiques de la ville à une dimension spirituelle et existentielle.

Andrea Büttner

​Piano Destructions

installation vidéo, son

La contre-culture des années 60 faisait fréquemment appel à la musique pour exprimer la contestation et l’expérience esthétique, mais l’utilisait aussi pour exprimer la colère et l’insatisfaction. La quintessence de ce mouvement a été la destruction de l’instrument. Étonnamment, les pianos n’ont pas davantage que les guitares été épargnés par ce besoin de créer en détruisant. Andrea Büttner propose une nouvelle interprétation de cette tendance dans sa provocante vidéo intitulée Piano Destructions. Parallèlement à des extraits de performances artistiques d’archives montrant la destruction d’un piano, des musiciennes exécutent plusieurs morceaux pour piano. Alors que la performance au piano et la destruction de pianos sont associées à des activités typiquement masculines, ces pianistes sont parfaitement inconscientes de cette charge historique. En contrepoids à cet héritage, elles nous invitent à apprécier la beauté pure de la musique.

Gilberto Zorio

​È Utopia, La Realtà, È Rivelazione

vernis phosphorescent, lettres fluorescentes, fer, minuterie, lampe halogène, lampe de Wood

Gilberto Zorio propose une perspective singulière de l’utopie. Son installation de lettres partiellement fluorescentes montées sur une barre métallique et formées de deux types de lumière, nous propulse au cœur même du caractère minimaliste de l’Arte Povera. Pendant que les trois mots utopia, reality et revelation sont éclairés en permanence par des spots, les lampes halogènes sont éteintes et allumées à intervalles réguliers, révélant une inscription fluorescente: ‘c’est l’utopie, la réalité est révélation’. C’est la réalité, saisie dans toute sa richesse et sa simplicité, qui peut se révéler comme la source de l’épiphanie, voire de l’utopie. C’est peut-être ici que s’exprime la voix la plus forte de toute l’exposition. Elle suggère que les réponses résident parfois dans l’ordinaire, le commun, car au bout du compte, c’est là que tout commence et s’achève.

An van. Dienderen

​Lili

film, son, 11′15′′
Commandé et coproduit par CONTOUR 7

Dans un studio de télévision, une fille nommée Lili (interprétée par l’actrice belge Maaike Neuville) a le rôle de China Girl. Les China Girls, utilisées dans l’histoire du cinéma depuis les années 20, sont des Caucasiennes filmées à côté d’une charte de couleurs afin de régler les couleurs du film. Elles n’ont pas de dialogues à retenir, pas de as de rôle à interpréter. Tout ce qu’elles doivent faire, c’est avoir un teint impeccable. Leur peau à la blancheur de porcelaine sert de référence à la graduation des couleurs de la caméra et de l’impression. Cette norme implicite exclut donc systématiquement les personnes de couleur. Lili raconte l’histoire de l’une de ces China Girls à travers des images d’archives, des chutes de pellicule et des documentaires. Elle remet en question la tradition des China Girls dans le contexte d’une société qui, selon l’anthropologue Michael Taussig, dans sa lecture coloriste des différences ethniques, souffre de chromophobie.

Gilad Ratman

Swarm

installation vidéo, son, 4′00′′
Coproduit par CONTOUR 7

L’installation multi-écrans Swarm de Gilad Ratman nous transporte dans un univers imaginaire peuplé de petits drones (des appareils électroniques télécommandés) volant autour de constructions en polystyrène. Les drones ne ressemblent pas seulement à des insectes; leur mécanique et leur comporte- ment sont calqués sur ceux des insectes. Les drones semblent parfois former un essaim. Sans prise de décision centrale, les membres d’un essaim ont un comportement identique, créant un système d’auto-organisation. Même sans hiérarchie apparente, ils communiquent de manière à agir de concert. L’installation évoque un univers humain ambigu, où la coopération se transforme imperceptiblement en compétition.

Javier Téllez

​Bourbaki Panorama

35 mm film-installation, mute, 13′ 47″

35 mm film-installation, mute, 13′ 47″Javier Téllez revisite un média du dix-neuvième siècle appelé ‘panorama’ pour traiter de la question politique du moment, la migra- tion. Le panorama est un tableau circulaire monumental qui devait permettre au spectateur d’être transporté au milieu d’évènements historiques ou de lieux distants. Le Panorama Bourbaki à Luzerne, où fut tourné le film, montre un épisode de la fin de la guerre franco-prussienne de 1871 dans lequel l’armée vaincue du général Bourbaki se rend à la Suisse. Dans le film de 35mm de Téllez, le tableau s’approche en- core plus de la réalité par l’ajout d’acteurs interprétant certaines scènes. Tous les participants sont des réfugiés vivant en Suisse. Au lieu de raconter leur histoire personnelle, le film nous invite à revisiter les principes de l’humanitarisme. Il récupère en même temps le concept du réalisme en montrant des personnes réelles en détresse.